Le calotype, késako ?
J’en parle souvent, notamment avec ma série “Les Gueules Cassées” (–> ici)
Mais qu’est-ce que le calotype ?
À l’origine, c’est l’un des tout premiers procédés photographiques sur papier, inventé au XIXᵉ siècle.
Une émulsion photosensible était directement coulée sur une feuille de papier, qui devenait ainsi le négatif lui-même — bien avant l’apparition du film.
Je l’ai réinterprété un peu à ma manière, avec une approche plus contemporaine, à mi-chemin entre la technique de laboratoire et la recherche d’un rendu très organique.
Le principe est simple… en apparence.
Je travaille sur un papier photo baryté ou RC, normalement prévu pour le tirage, que j’utilise directement comme surface de prise de vue.
Ce papier est extrêmement peu sensible à la lumière (environ 5 ISO) !
Pour compenser, j’éclaire mes sujets avec un flash très puissant, ce qui fige le mouvement tout en me permettant de fermer le diaphragme et d’obtenir une profondeur de champ maîtrisée.
Ce procédé donne une image très particulière, presque intemporelle.
Le papier étant orthochromatique, il n’est pas sensible au rouge : les tons chauds disparaissent, la peau se marque, devient presque métallique, les regards se creusent, les traces réapparaissent.
Ce n’est pas un effet ajouté : c’est la chimie elle-même qui révèle cette dureté, cette vérité.
Chaque image est ensuite développée manuellement, directement dans les bains de mon laboratoire.
Entre la prise de vue et le développement, il y a toujours ce moment suspendu : celui de l’image latente, invisible mais déjà là.
Puis, dans les bains, le portrait apparaît lentement, presque en silence.
Rien n’est automatique, chaque tirage est unique, avec ses nuances, ses traces, ses petites irrégularités qui font partie intégrante du résultat final.
Ce procédé m’oblige à ralentir, à être au plus près du sujet.
Le calotype impose un temps d’attente, une tension, un face-à-face.
Je ne fais généralement que quatre à six images par sujet.
C’est sans doute ce qui m’attire le plus : cette dimension à la fois technique et humaine, entre contrôle et hasard.